Séminaire « Histoire et épistémologie de la psychopathologie », 15 décembre 2025
Présentation générale du séminaire organisé par Marco Dal Pozzolo (Dr, Université Paris-Cité, SPHERE) et Franck Le Roux (Dr, Université Paris Cité, CRPMS)
Saison 2, 3e séance
Jean-Yves Rochex, « Henri Wallon : une conception dialectique du psychisme »
Argument :
Dès les années 30, à l’encontre aussi bien d’une psychologie spéculative de la conscience que du behaviorisme et de l’associationnisme, Henri Wallon se propose de développer une « psychologie de l’efficience », considérant le psychisme et son développement comme « un plan de réalité et d’activité » spécifique « dont l’existence et les modalités diverses ou successives doivent être expliquées par ses rapports avec d’autres réalités ». Ce plan de réalité relève d’un double, voire d’un triple ordre de détermination : d’une part, les exigences, les ressources, les possibles et impossibles du biologique, de l’autre, ceux du social, mais aussi ceux du nouage et des transformations du rapport entre biologique et social. Cette approche dialectique, qui lui vaudra d’être taxé d’organicisme par les uns, et de sociologisme par les autres, le conduit à considérer l’émotion et la plasticité posturale comme source et condition de possibilité de ce mouvement d’« emmaillage » du biologique et du social, du corps et de la psyché, comme souche commune de l’activité de relation et de l’activité représentative, du développement de la conscience et de la formation de la personne. Le développement du sujet résulte dès lors de la transformation de ses rapports d’échange avec ses milieux, rapports faits d’investissements, de tâches et d’épreuves, de débats et de conflits de normes entre le sujet et les activités et institutions sociales, entre le sujet et autrui, mais aussi entre le sujet et lui-même.
Jean-Yves Rochex est Professeur émérite au Département de Sciences de l’éducation l’Université Paris 8 Saint-Denis. Outre de nombreux ouvrages et publications sur les processus de production des inégalités scolaires et sur les politiques éducatives, en France, en Europe et en Amérique latine, son travail théorique et empirique vise à mieux penser selon la formule que Marcel Mauss utilisait en 1924 à propos des rapports souhaitables entre psychologie et sociologie, ce que sont ou pourraient être « les questions posées et les services rendus » entre les disciplines du psychisme et celles du social.
Il est l’auteur de nombreux travaux sur Wallon (notamment – avec E. Bautier – l’ouvrage Henri Wallon. L’enfant et ses milieux, Hachette, 1999), L. Vygotski ou I. Meyerson, et, en 2024, de l’article « Rencontres manquées et convergences souterraines. Canguilhem, Wallon, Meyerson », in Philosophie, n° 163.

