Centre d’Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences
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Actualité de Jean-Jacques Salomon (1929-2008)

Cycle de séminaires, février-juin 2019, Paris, Salon d’Honneur du Cnam

Comité d’organisation (par ordre alphabétique):
Rigas Arvanitis (IRD), Lise Cloitre (Cnam), Vincent Dray (UTBM), Philippe Durance (LIRSA), Saliha Hadna (HT2S), Nathalie Queyroux (CAPHÉS), Jean-Claude Ruano-Borbalan (HT2S).

Le laboratoire Histoire des Technosciences en Société (HT2S), le Laboratoire interdisciplinaire de recherches en sciences de l’action (LIRSA) et le CAPHÉS (Centre d’Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences) ont le plaisir de vous convier au séminaire « Actualité de Jean-Jacques Salomon », financé par l’IFRIS. Il se tiendra une fois par mois au Conservatoire national des Arts et Métiers (Paris). La prochaine séance aura lieu le lundi 18 mars prochain, de 14h30 à 17h00 au Salon d’Honneur. Un fascicule de présentation (avec notamment des textes issus des travaux de Jean-Jacques Salomon) sera distribué aux invité.e.s lors du séminaire et sera envoyé avant les séances par mail aux personnes inscrites. Il est conseillé de s’inscrire en envoyant un mail à Saliha Hadna (responsable opérationnelle du projet) : saliha.hadna@laposte.net.

Historien des Sciences, philosophe et titulaire de la Chaire « Technologie et Société » (1978) au Cnam, Jean-Jacques Salomon (1929-2008) a joué un rôle majeur dans l’émergence et le développement des études sur la science et la technologie en France devenues Science and Technology Studies. A l’origine de la création du Centre « Sciences, techniques et société » dans les années 1970, première institution de recherche et d’enseignement française sur les études en STS, il fut également Chef de la Division des politiques de la science et de la technologie à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), entre 1965 et 1983. La thématique des politiques scientifiques a été centrale dans l’œuvre de J.-J.Salomon puisqu’elle a aussi bien fait l’objet de travaux scientifiques que de rapports produits alors qu’il était en poste à l’OCDE. Le séminaire nous invite à repenser la théorie de Jean-Jacques Salomon et à comprendre de quelle manière elle peut ou non être mobilisée pour saisir les enjeux actuels des politiques scientifiques. A quels enjeux des organismes internationaux tels que l’OCDE répondent-ils dans ce domaine ? Comment les écrits de Jean-Jacques Salomon peuvent-ils nourrir les Science and Technology Studies telles qu’elles sont enseignées, transmises, appliquées, aujourd’hui ? Comment penser les rapports science – technique – société à l’heure où la défiance citoyenne s’est cristallisée dans nombre de domaines industriels ? Plusieurs problématiques d’actualité en STS et étudiées dans les écrits de Jean-Jacques Salomon seront traitées et discutées durant les séances du séminaire et donneront lieu à une publication dans les Cahiers d’Histoire du Cnam.

 

Programme :

 

Jeudi 21 février 2019, 14h30-17h00
Séance 1 : « Les Politiques scientifiques »

Intervenants : Jean-Claude Ruano-Borbalan (HT2S), Philippe Durance (LIRSA), Rigas Arvanitis (IRD), Nathalie Queyroux (CAPHES), Lise Cloître (archiviste Cnam), Vincent Dray (UTBM), Odile Maeght-Bournay (doctorante, INRA), Philippe Larédo (LISIS), Yves-Claude Lequin (UTBM), Saliha Hadna (HT2S).

La thématique des politiques scientifiques est centrale dans l’œuvre de Jean-Jacques Salomon, puisqu’elle a aussi bien fait l’objet de réflexions scientifiques de la part de l’auteur tout en étant le cœur de ses préoccupations dans les fonctions institutionnelles qu’il a occupées. Il s’agira ici de s’intéresser d’une part, à l’évolution des politiques de la science, et aux outils de sa mise en œuvre. Quels sont les enjeux des politiques de la science et en quoi répondent-elles au développement scientifique national ? Une attention particulière sera accordée aux ouvertures et aux comparaisons extranationales.

 

Lundi 18 mars 2019, 14h30-17h00
Séance 2 : « Les institutions des politiques de la Science (rôle de l’OCDE, indicateurs, statistiques…) »

Intervenants : Philippe Durance (LIRSA) ; Attila Havas (Hungarian Academy of Sciences) et Émilien Schultz (SESSTIM)

L’OCDE se présente comme une organisation dont l’objectif principal est de « promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde »[1]. Concernant la science, elle est au cœur des enjeux de développement économique, notamment à travers l’intérêt accordé à l’innovation. L’usage des statistiques dans les études de l’OCDE publiées dans les années 1960 démontre un intérêt particulier pour la comparaison internationale qui a conduit par la suite à une compétition entre les états dans la course à l’innovation. Il s’agit ici d’interroger cette notion, et l’évolution de son usage en essayant de comprendre quelle place occupe l’innovation aujourd’hui dans les politiques de la science et dans le discours des institutions du monde de la recherche, telle que l’OCDE, mais également l’INRA, le CNRS et d’autres.

 

Mercredi 17 avril 2019, 14h30-17h
Séance 3: La science au service du pouvoir

Jean-Jacques Salomon a consacré un certain nombre de travaux au rapport complexe entre savoir et pouvoir. Publié en 1970, son ouvrage intitulé Science et politique ouvre le débat sur une question encore centrale aujourd’hui pour les STS : celle du rapport entre l’Etat et la recherche scientifique, et plus précisément sur l’approche de la science comme un enjeu politique. Il s’agira ici d’éclairer ce rapport entre science et pouvoir politique à travers des études de cas, des exemples issus de la littérature – de Jean-Jacques Salomon et d’autres auteurs – ou d’un travail empirique.

Programme de la journée : 

 14h30-14h45 : Accueil-café au Salon d’Honneur

14h45-17h00 : interventions autour des « Politiques scientifiques »

Intervenants :

Catherine Vilkas (GRESCO, Faculté des Lettres et Sciences Humaine, Université de Limoges) : « Science et pouvoir : un conflit social autour d’une réforme de la recherche. »

Grégoire Mallard (Graduate Institute of International and Development Studies, Geneva) : « La science sous sanction: Réflexions autour de la gouvernance mondiale du nucléaire. »

Adeline Néron (IFRIS – CEPED – Centre Population et Développement) (titre à venir)

 

Lundi 13 mai 2019, 14h30-17h
Séance 4 : Éthique de la science et (ir)responsabilité des scientifiques

Une interrogation centrale dans les travaux de Jean-Jacques Salomon est celle qui concerne la responsabilité des scientifiques, qui a d’ailleurs donné lieu à une conférence de l’auteur en 2007 et intitulée « L’irresponsabilité sociale des scientifiques ». J.-J. Salomon y aborde notamment la tension morale qu’ont pu rencontrer au cours de l’histoire certains chercheurs. Parmi les domaines particulièrement illustratifs de cette tension, on retrouve l’industrie nucléaire, l’industrie agricole ou encore la bioéthique qui ont été abordés dans certains écrits de l’historien. Ils montrent notamment comment ces questions relatives au gouvernement des risques se posent aujourd’hui de manière urgente (Benoît-Joly, 2012).

Intervenants :

Sezin Topçu, CEMS (EHESS), « Les scientifiques français à l’épreuve du risque nucléaire : réflexion sociohistorique ».
Gaëlle Le Dref, Archives Henri-Poincaré (UMR 7117AHP-PReST), « Réflexions sur l’éthique de la recherche au prisme du cas exemplaire des OGM agricoles ».
Pablo Kreimer, (Université nationale de Quilmes, Argentine), titre à venir.

Programme de la journée : 

14h30-14h45 : Accueil-café au Salon d’Honneur

14h45-17h00 : interventions autour de l’« Éthique de la science et (ir)responsabilité des scientifiques »

 

Mercredi 12 juin 2019, 14h30-17h30
Séance n°5 : « Le rôle de la société dans la science » (Axe 2 – « Rapports Science, Technique, Société »)

Comme en témoigne l’une de ses contributions à la revue de prospective Futuribles, J.-J. Salomon s’est également intéressé à la complexité des rapports entre la technologie et la société. L’une de ses contributions, intitulée « Prométhée empêtrée. La résistance au changement technique » (Salomon, 1999) cherche notamment à comprendre : « si la résistance au changement technique prolonge ou répète […] des situations de conflit bien connues des historiens de la révolution industrielle et jusqu’à quel point elle en crée de nouvelles. » (p.10) Jean-Jacques Salomon y aborde également la participation du public comme une forme d’« asymétrie » entre « le public » et les « décideurs » (p.83), à travers laquelle il s’agirait de proposer une solution politique de conversion de la résistance à la technologie en une « source positive de « contrôle de la technologie » et de « légitimité » du changement technique ». La question de l’intervention citoyenne sur les problématiques sociotechniques est centrale dans les STS. Dans cette séance, on s’intéresse notamment aux formes que peut prendre cette intervention du public et aux rapports science-société.

14h30-14h45 :
Accueil-café au Salon d’Honneur

14h45-17h30 :
Intervenants :

Bertrand Bocquet (Université de Lille – HT2S Cnam) – « La participation citoyenne en recherche : limites et nécessités »
Cyril Fiorini (HT2S Cnam) – « Le croisement des savoirs ou la recherche scientifique pour et avec les personnes en situation de pauvreté »
Pierre-Mounier-Kuhn (CNRS – Université Paris-Sorbonne) – « Comment l’informatique devint enjeu politique »