Yves Gingras, professeur invité à l’ENS
La conférence « Comment la réflexion épistémologique sur la « connaissance » peut contribuer au débat juridique : une expérience d’intervention auprès du Sénat canadien » a été donnée par Yves Gingras, historien et sociologue des sciences, au Centre documentaire du CAPHÉS le 6 décembre 2019 dans le cadre d’un cycle de conférences organisé par l’EUR Translitterae.
Enregistrement de la conférence disponible ci-dessous :
Argumentaire général du cycle de conférences :
La thématique générale de mes recherches est la transformation des pratiques scientifiques et des relations sciences-société.
C’est dans ce cadre que j’ai étudié l’histoire des rapports entre sciences et religions du point de vue des discours sur les « conflits » et le « dialogue » entre sciences et religions. J’ai été ainsi mené à étudier de plus près les revendications autochtones portant sur leurs « modes de connaissances autochtones » auprès des gouvernements, tant pour inscrire ces connaissances dans des lois (par exemple C-69) ou en s’en servant comme arguments auprès de la Cour suprême du Canada. Ces recherches seront présentées dans l’exposé proposé sur « L’esprit de l’ours contre la station de ski : l’argumentation juridique face à un conflit épistémologique et ontologique » dans le cadre des Jeudis de l’histoire et de la philosophie des sciences. Un exposé complémentaire sera proposé au CAPHÉS comme « épistémologie pratique et politique » en lien avec mon expérience d’intervention auprès du Sénat canadien sur le projet de loi C-69 qui introduit la notion de « Connaissance autochtones » et de « connaissances des collectivités », notions jamais définies et qui peuvent engendrer des problèmes pratiques importants. Ces deux séances auront donc une unité, et on incitera les étudiants et les collègues qui ont assisté à la première à assister à la seconde.
Mes travaux portent aussi sur l’usage des méthodes bibliométriques quantitatives pour reconstruire la dynamique historique des disciplines scientifiques. Deux séances seront proposées sur la question de l’usage de la bibliométrie à des fins d’histoire des sciences. La première montrera comment une analyse des co-citations permet de construire la structure conceptuelle d’une discipline et de ses spécialités identifiées de manière automatique dans le réseau ; elle sera destinée à des historiens de la philosophie, peu familiers de ces méthodes, un des enjeux de cette séance étant de déterminer si ce genre de méthode peut être transposée à l’histoire de la philosophie. La seconde séance sera quant à elle destinée aux étudiants du Master Pratique de l’Interdisciplinarité et aux collègues du centre Maurice-Halbwachs, mais plus généralement à la communauté de Translitterae, puisqu’on y montrera que l’analyse des co-citations permet aussi de définir de manière opérationnelle la notion d’interdisciplinarité et de suivre son évolution au fil du 20e siècle.
En variant les lieux de présentation, j’espère toucher un public large d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants de la communauté Translitteræ.