Séminaire Philosophie et sciences humaines 2013-2014
De la mixité des discours
Séminaire organisé par Mireille Delbraccio et Liliane Maury
Le lundi, de 11h à 13h École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris.
Argumentaire
Sous l’intitulé « Philosophie et sciences humaines », le pari que nous essayons de tenir depuis le début de ce séminaire est d’interroger, dans la postérité d’Althusser et de Foucault, les relations qui, pour autant qu’elles restent étroites, sont toujours marquées d’une forte ambiguïté entre la philosophie et les sciences humaines. Il s’agit de questionner, sous l’angle historique et épistémologique, à partir des conflits qui ont accompagné la naissance et le développement des sciences humaines au tournant du XIXe et du XXe siècle, les tensions disciplinaires qui perdurent sous d’autres formes de nos jours, en centrant notre réflexion sur les « frontières », notamment entre la psychologie et la philosophie, en étendant aussi l’examen à l’anthropologie et à la psychanalyse. D’autre part, nous accordons un intérêt particulier aux pratiques d’écriture, repérables dans le champ éclaté des sciences humaines.
Durant l’année 2012-2013, notre séminaire a porté sur l’analyse des pratiques discursives dans le champ des sciences humaines, considérées du point de vue de la pluralité des genres auxquels elles font appel (conférences, entretiens, leçons, etc.) et de la diversité de leurs usages.
La thématique retenue pour l’année 2013-2014 reprendra cette problématique sous l’angle de la mixité des discours .
En convoquant le terme de « mixité » pour rendre compte de la fabrique des discours dans le champ des sciences humaines, nous voudrions souligner que leur construction relève souvent de la juxtaposition ou de l’assemblage, à partir d’emprunts conceptuels ou méthodologiques qui provoquent des tensions discursives et sont parfois à l’origine de la transformation de leurs objets.
Rappelons que l’écriture, envisagée sous l’angle de ses pratiques plurielles, a été le fil conducteur de notre sémianire depuis 2010, sous des angles divers, notamment le rôle de l’écriture dans la construction d’un savoir ou d’une discipline scientifique en sciences humaines – et une place importante a été accordée à la manière dont la philosophie, en particulier la philosophie contemporaine, s’est emparée de cette question de l’écriture (Derrida, Deleuze, Sarah Kofman). Dans la continuité de ce questionnement, nous nous sommes tournées l’année dernière vers une investigation portant sur la discursivité dans les sciences humaines (« Pratiques discursives en sciences humaines »). Une interrogation qui portait sur les types et sur les formes de discours en usage dans les sciences humaines, lesquels ne sont pas détachables de la question des genres de communication ou d’écriture. En ayant toujours présent à l’esprit que cette enquête sur le statut des discours dans les sciences humaines a pour horizon de se confronter aux régimes de la discursivité philosophique, laquelle, au gré de ses modes d’écriture, mélange aussi les genres selon les formes d’adresse qui animent le discours philosophique. En convoquant cette année le terme de « mixité » pour rendre compte de la fabrique des discours dans le champ des sciences humaines, nous voudrions souligner que leur construction relève le plus souvent de la juxtaposition ou de l’assemblage, à partir d’emprunts conceptuels ou méthodologiques, qui provoquent des tensions discursives et des effets d’hybridation, et sont parfois à l’origine de la transformation de leurs objets à partir de la transposition, dans des discours se réclamant de la scientificité, de discours et de genres qui leur sont allogènes. Par hybridation, nous entendrons ce processus complexe par lequel des discours, des connaissances, des pratiques et des représentations s’interpénètrent et s’influencent de telle manière que chacun des discours s’en trouve transformé.
Programme
Lundi 9 décembre 2013, 11h-13h, ENS, Salle Info 5 Mathieu Frackowiak , (Docteur en Philosophie, Chargé d’enseignement à l’École Centrale de Lille) « Henri Maldiney et la description : l’existence, l’œuvre, le monde »
Lundi 13 janvier 2014 : Salle Info 5, Immeuble Rataud
Lundi 10 février : Salle Info 5, Immeuble Rataud
Lundi 10 mars : Salle Beckett Mireille Delbraccio (Ingénieur de recherche CNRS, CAPHÉS-ENS), « L’idéologique, l’inconscient, le sujet chez Althusser : questions de discours »
Lundi 28 avril : Salle Beckett (ANNULÉ)
Lundi 12 mai : Salle Beckett
Lundi 2 juin : Salle Beckett
Salles et autres renseignements auprès de M. Delbraccio : 06 87 57 81 39 mireille.delbraccio@ens.fr