Séminaire « Magie et sciences humaines »
Séminaire organisé par Xavier PAPAÏS
le samedi à 10h, à l’ENS, salle de séminaire 92, 29 rue d’Ulm, 75005 Paris
Organisé par Xavier Papaïs, philosophe, ancien élève de l’ENS, ce séminaire porte sur « Le problème philosophique de la magie ». Gardienne de savoirs silencieux, la pensée magique à maints égards double de ses tours la sagesse philosophique, au moins parce qu’elle vise comme elle, contre elle ou avec elle, une expérience intégrale et contradictoire de la réalité. Ce savoir peut-il supporter une description précise, respectueuse, peut-être rigoureuse ? De fait, maintes notions magico-religieuses gardent toujours un pied sur les terres de la raison. Parler de jeu, de puissance, de destin ou de sort, de liberté aussi, c’est viser les paradoxes de la modalité.
Sous l’usage de ces notions, le séminaire se propose d’analyser les jeux de langage et l’intention qui les sous-tendent. Il s’agira de confronter ces savoirs au régime du jugement scientifique et de tenter ainsi de préciser le sens du grand partage qui opposa, à l’âge moderne, magie et raison comme deux versions concurrentes de la sagesse. On espère ainsi mesurer la portée de cette tension, décrire les grands conflits avec le rationalisme, mais aussi les alliances secrètes : dans les pensées hellénistiques, chez les mages renaissants, dans le baroque, l’empirisme et les traditions sceptiques, dans les romantismes et les pensées dialectiques, dans cette rhétorique générale, enfin, qu’esquissent patiemment les sciences humaine.
Programme 2008-2009
De la puissance symbolique : charmes, sortilèges, fétichismes :
Encore de nos jours, maintes notions magiques ou religieuses gardent un pied sur les terres de la raison. Parler ce puissance, de sort ou de destin, de liberté ou d’événement, c’est viser l’univers causal et ses fêlures. Des termes aussi obscurs que la foi, l’honneur, l’autorité, la sympathie, la conversion, le sacrifice, tissent les prestiges du monde moral. Nos esthétiques, nos psychologies se passent rarement des anciennes notion d’âme, d’image, de charme ou de symbole.
On propose d’explorer les jeux de langage qui les sous-tendent. Sur des exemples tirés des traditions humanistes et des sciences humaines (clinique, ethnologie, rhétorique), on tentera de préciser les caractères du tour magiques, quand il pose l’unité de l’acte et du verbe, de la personne et du lien, de l’image et de la force.
En situation de clivage (personne, moral, logique, ontologique), la magie opère une suture imaginaire. On montrera comment les fictions qu’elle propose (l’esprit ou le fantôme, le fétiche ou l’objet de prestige, l’idée même de pouvoir), autorisent une expérience qui excède le jugement analytique. En accédant aux théories, anciennes ou modernes, de l’incantation et de l’autorité, on portera l’accent sur les cristallisations fétichistes, sur la puissance des charmes, noeuds et ligatures qui, en ‘liant le sort’, imposent l’unité d’un symbole aux errances de la pensée et du sens.
Date et lieu
Samedi de 10 h à 13 h (salle de conférence, ENS, 46 rue d’Ulm 75005 Paris, bâtiment de l’”annexe 46″, en face du 45), les 7 février, 7, 14, 21 et 28 mars, 4 avril, 16 mai, 6, 13, 20 et 27 juin 2009