Centre d’Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences
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Atelier Gaston Bachelard 2013-2014

Séminaire co-organisé par Gilles Hieronimus et Julien Lamy dans le cadre d’un partenariat entre l’Université Lyon 3 (Jean-Jacques Wunenburger – IRPHiL) et l’ENS-Ulm (Charles Alunni – CAPHES)

Programme

Jeudi 20 février 2014 : séance n°1 : l’esthétique Marie-Pierre Lassus (Université Lille 3) : Le retentissement ou l’écoute bachelardienne du sensible et ses conséquences esth-éthiques

Résumé : On étudiera dans ce séminaire les conséquences éthiques d’une phénoménologie de l’écoute initiée par Gaston Bachelard qui a révélé dans son œuvre la musicalité du sensible (compris comme ce milieu où retentit entre les mots, le silence actif qui les sépare). L’image bachelardienne dont il faut, pour bien l’apprécier, éprouver le retentissement (PE, 2), a toutes les caractéristiques du son, dont c’est précisément la spécificité. C’est à cet au-delà du son des mots, enrichi par les vibrations qui en prolongent les résonances que Bachelard nous rend sensible, laissant toute la place à l’imagination du lecteur et aux possibilités de vie qu’il peut créer à partir de ce matériau. Par là-même, il privilégie le timbre (et à travers lui, le rythme) dont la fonction est de donner vie à la note en intégrant à la fois le silence et le bruit. Ainsi, le son atteint chez Bachelard une totalité sonore qui se retrouve également dans les sons de la nature : témoin, la harpe éolienne auquel l’homme est comparé, et qui est l’instrument par excellence de ce retentissement, sonnant comme un appel à un au-delà du monde et de soi. De cette altérité sous-jacente au champ du sensible, témoigne l’écriture de G. Bachelard, qui met en relief la valeur paradigmatique de l’expérience auditive comme expérience sensible, contre le privilège cognitif accordée à la vue depuis Aristote (Métaphysique) dans la philosophie occidentale, venant nous rappeler que l’humain est avant tout un être vivant. Celui-ci existe uniquement dans le présent , un présent en continuelle transformation comme la musique elle-même, faisant de chaque instant un nouveau commencement. De là découle sa volonté de fonder une « doctrine de la spontanéité » inhérente au dynamisme de la réalité, toujours changeante et insaisissable comme la vie elle-même et dont seule la musique peut donner l’idée immédiate. Autour de cette pensée sensible de l’humain peuvent se rejoindre les deux versants de son œuvre (poétique et épistémologique) qui marque un « tournant acoustique » aux implications éthiques (davantage qu’esthétiques), que nous proposons d’examiner dans cet atelier en donnant des exemples concrets de cette libération du matériau sensible chez Bachelard et dans les arts au XXème siècle.

–  Renato Boccali (Université IULM, Milan) : Gaston Bachelard et la dialectique du sensible

Résumé : Dans la Poétique de la rêverie Bachelard affirme clairement qu’une phénoménologie de la perception doit faire place à une phénoménologie de l’imagination créatrice puisque l’activité perceptive réduit le monde à une pluralité de fragments tandis que la rêverie abolit la distance qui sépare sujet et objet en retrouvant « une unité du monde ». Mais qu’est ce que cette unité du monde ? Et comment la retrouver ? Il s’agit de montrer le chiasme entre sujet et monde dévoilé par une dialectique du sensible qui exprime une « ontologie dispersée et différentielle » et une métaphasique concrète. Si, comme affirme Bachelard, il y a un trajet continu du réel à l’imaginaire et s’il y a donc « immanence de l’imagination au réel » (L’air et les songes) on peut alors parler d’une esthéticité sensible, d’une préfiguration transcendantale du monde où « le monde vient s’imaginer dans la rêverie humaine » (L’air et les songes). Au delà de toute représentation et objectivation gnoséologique qui réduit le monde à objet (Gegenstand) il faut retrouver grâce à l’imagination l’ouverture du sujet au monde et la pure phénoménalité antéprédicative du monde pour le sujet. C’est justement dans la rencontre avec la beauté que le sujet est ouvert au monde de façon pré-catégoriale et, corrélativement, le monde fait l’objet d’une expérience non-objective. L’ouverture à l’apparaître de la beauté du monde par l’imagination ouvre la voie à une « esthétique concrète » (La flamme d’une chandelle), qu’en s’écartant des stériles disputes philosophique d’académie, réintègre « le sentir dans le penser » (La terre et les rêveries du repos).

Chaque exposé sera poursuivi par une discussion avec le public (entrée libre).

Lundi 3 mars (ENS-ULM) : Épistémologie historique et philosophie des mathématiques Intervenants : Mario Castellana (Université du Salento), René Guitart (Université Paris 7)

Lundi 26 mai (Université de Lyon) : La phénoménologie Intervenants : Délia Popa (Université de Louvain), Rodolphe Calin (Université Montpellier 3)

Jeudi 12 juin (Université de Lyon) : La question du réalisme Intervenants : Michel-Élie Martin (Université de Nantes), Stéphane Dunand (Université d’Aix-en-Provence).

Contact : atelier.gastonbachelard@gmail.com